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Du rire aux larmes

le 28-05-2010 01:01

LE DERNIER RÔLE 15

 

Chapitre 4

 

          Au troisième étage de la maison du Cercle, habitait un curieux ménage. Etait-ce le Cercle qui avait attiré là ce couple, ou était-ce le couple qui avait fait choisir par le bureau du Cercle bourgeois de Sainte Marguerite, les salons du deuxième étage de la même maison ? Toujours est-il que couple et Cercle voisinaient pour le plus grand bien des deux.  


    La femme brune, d’une laideur singulière qui en faisait un type, coquette à l’excès, d’une élégance voyante, ne passait point à juste titre pour une vertu ! L’œil allumeur, la démarche balancée, la bouche dédaigneuse, elle avait le type espagnol ou gitan. Ses hauts talons la promenaient indifféremment, les jours de fête ou de kermesse, de la rue de la République, bordée de cafés cossus et accueillants, à l’avenue de la Paix, le quartier chic de la petite ville.   


   Sortie, il y avait environ vingt-sept ans, d’une pauvre et nombreuse famille de cordonniers ambulants, fixés par accident dans la région, elle avait su aguicher à vingt-deux ans, un commis de perception, admirateur passionné des vamps du cinéma muet.  

    La brune fille, avec ses larges prunelles de vache amoureuse, le roulis de ses hanches, avait incarné pour lui, la femme fatale. Ambitieux et médiocre, il avait vite compris qu’il ne réaliserait son rêve de considération et de tape à l’œil qu’avec une partenaire semblable. Quant à elle, le complet veston du bonhomme, le col de celluloïd blanc, les manchettes impeccables lui avaient paru préférables au petit tablier de cuir de son père « Le Bouif ».    


  Elle avait feint être sensible au charme de cet être falot, courtaud, déjà bedonnant, puant de la bouche, embarrassé de grandes phrases et tout pénétré d’une importance qu’il n’avait pas, aspirant constamment à une bicyclette après le microscope, au fusil après la bicyclette, au violon après le fusil, avide de tout, sauf de s’instruire ou de grandir, passant des jours entiers, les pieds dans la boue, ruminant, s’enfiévrant de la possession d’un article d’un quelconque magasin.     

  C’est ainsi qu’était né ce ménage. Au début, l’homme un peu amoureux de sa femme, et pour arriver plus vite au bien-être matériel tant aspiré, avait envisagé des moyens assez honnêtes et susceptibles d’être accomplis par la jeune femme. Ils avaient donc gardé, tant bien que mal, plutôt mal que bien, des nourrissons. Les bébés, gavés à l’excès de mauvaise bouillie qui leur rendait la digestion laborieuse et le sommeil lourd, dormaient très longtemps seuls, abandonnés par leur nourrice qui pouvait sortir tout à son aise. Après avoir découvert plusieurs fois des enfants affolés, pieds nus sur le pallier, des voisins s’apitoyèrent. Une affaire de correctionnelle enleva du crédit à ce petit commerce. On décréta que ça faisait pauvre, et, le mari, moins jaloux, ainsi que la femme habile se tournèrent vers une autre solution avec beaucoup de sagesse…

 

(à suivre)

 

 marieclaude.peyraud@gmail.com

 

 


Commentaires

 

1. ricardo  le 04-06-2010 à 10:29:07  (site)

Bonjour

Il est tôt ici à Montréal, j’en profite avant que la chaleur nous écrase pour vous faire un p’tit coucou et vous souhaiter un très bon week-end. Je suis moins présent sur mes blog a cause de madame la température qui se fait jolie de plus en plus de jour en jour et je passe mes temps libre a l’admirer (sourire)...

2. corail  le 17-06-2010 à 06:58:29  (site)


Ils sont sordides ces pauvres gens. Ils ont le mérite d'essayer.
J'évite tout ce qui touche au sordide, en ce moment (mais n'ai pu m'empêcher de lire ce fragment de chapitre)
Je n'ai plus de paix. Ni l'alcool ni les médicaments, ni le Ciel ne m'épargnent d'avoir à vivre.
Je devrais me contenter de travaux simples, mais tout retourne à la rue : promenade du chien, aller à la poste pour acheter un timbre, aller quémander à l'aumônerie pour que Zak puisse continuer ses études.
Hier j'ai rencontré le Père Richard. Je me rends compte de la folie de mon entreprise : aider un jeune Marocain a faire sa troisième année d'études, pour qu'il ait son diplôme d'Ingénieur des Mines.
Moi-même grevée de dettes (des dettes pas graves, genre EDF, assurance auto, taxe foncière ...) je ne peux pas emprunter de l'argent à une banque.
Je coule avec, attachée au cou, la pierre lourde de la culpabilité.
J'ai aimé ton poème, surtout le passage où tu dépeins les vieilles femmes qui laissent couler les larmes sur le chemin de leurs rides, et croisent les mains pour prier.

 
 
 
le 17-05-2010 14:41

COUP DE COEUR 12

 

HOMMAGE A MARILYN

 

 

Qui saurait mieux qu’Hélène rendre hommage à cette actrice dont la beauté lumineuse a occulté qu'elle avait aussi une âme.

 

(extrait du blog :  http://lejardindhelene.vefblog.net ) :

 

   Envie de parler d'elle, je ne sais pas pourquoi... Parce que, souvent  quand je vois ses photos, les images de sa vie tournées,  çà me déchire le coeur, une crampe de compassion toujours...  Regard d'une femme...qui ne peut donc pas être dupe un instant de la déco sex-symbol...


 Comment a-t-on pu la laisser en arriver là ? ...Comment des hommes pouvaient-il encore être fiers de se payer le corps d'une fille dont les yeux reflétaient à ce point la détresse et le besoin désespéré d'un amour impossible à satisfaire parce qu'il était absorbé par un puits sans fond ?...


L'esprit de conquête est-il parfois plus fort que toute sensibilité et intelligence ? ...Je le crois...  Cette fille était magnifique...Parce que sa beauté était fraîche, rayonnante et que sous les tenues de vamp les plus outrées, perce toujours la petite fille nature et désemparée...  


C'est tous les jours qu'elle a été assassinée...Par ceux qui se sont servis d'elle pour la gloire, l'argent, le sexe... Ce qu'il a l'air con, mister President, savourant sa chanson d'anniversaire...  Ceux qui l'ont vraiment aimée ne faisaient pas le poids face à ses démons, car elle a rencontré le pire qui pouvait lui arriver, le monde des paillettes et de l'illusion... Arthur Miller peut-être aurait pu si...si elle l'avait rencontré plus tôt, si elle n'avait pas vu ses espoirs de maternité s'anéantir en fausses couches... Mais avec des si... 


 On s'est servi d'elle...C'était si facile...Il suffisait de la ramener au rang de poupée sex-symbol....Si simple...Pour les hommes pas de scrupule ou de remords puisque, n'est-ce-pas ?, c'est ce qu'elle voulait... Quant aux femmes, si promptes à se désolidariser quand le mâle est en jeu, elles pouvaient ainsi s'exclamer " elle l'a bien cherché"... 


 Et la longue descente aux enfers... Dans ce milieu du rôle à jouer et de la dissimulation, son visage est un livre ouvert....Elle est prête à tous les déguisements pour être reconnue et aimée,  et au fil des photos, des films, on lit sur ses traits, la peur , le vide de la proie assiégée...Sans défense... 


 Pour moi, Marylin, c'est la vie à l'état brut, l'enfance assassinée... Un Avant/ Après , comme ces photos  ( choisies sur internet , je ne connais donc pas les auteurs ), qui rendent tout mot inutile... 


        

 

 

 


Commentaires

 

1. Jakin  le 18-05-2010 à 08:37:44  (site)

Compliments pour la photo du jour et en plus c'était une belle femme......Bonne continuation...
Jakin, smiley_id210602

2. ricardo  le 18-05-2010 à 11:11:39  (site)

f_l_citation_reconnaissance_du_jour



Bonne fin de journée ...

édité le 18-05-2010 à 13:12:21

3. lejardindhelene  le 18-05-2010 à 11:16:20  (site)

La photo que tu as choisie est superbe et en plus elle est photo du jour...
Contente que tu ais aimée , on partage la même vision de cette femme, si naturellement lumineuse...
Belle journée

4. anaflore  le 18-05-2010 à 12:20:25  (site)

bravo pour la photo du jour et c'est vrai helene écrit super bien

5. Brunhilde  le 18-05-2010 à 16:04:27  (site)

Bonjour

Toutes mes félicitations pour cette photo du jour !

Bonne fin d'après-midi

6. Amanyte  le 18-05-2010 à 17:59:44  (site)

Joliment dit ... bel hommage ...

7. metalness  le 18-05-2010 à 18:10:08  (site)

Bravo pour la photo du jour et pour ce bel hommage à Marilyn .

8. Claudie & Ricardo  le 19-05-2010 à 13:09:01  (site)

Merci pour le p'tit coucou sa nous fait très plaisir de vous accueillir sur notre blog

Bonne fin de journée

9. anaflore  le 19-05-2010 à 18:01:23  (site)

jersey c'est la presque normandie pour le climat mais la traversée 51 euros + le parking ....et le tour de l'ile 19euros il faut bien se renseigner et réserver
ne pas oublier la catre d'identité c'est l'étranger

10. corail  le 02-06-2010 à 06:42:44

mon mari Robert Lloyd, qui sait tout, donne sa version : elle était au courant de plusieurs secrets d'état, du fait de ses relations avec le président Kennedy et des ses amis.
Aux tables conviviales entre gens politiques et du show-bizz, elle commençait à boire et parlait de choses qui devaient rester secrètes. Voilà pourquoi on l'a supprimée.
Cela me semble plausible, mais je ne suis pas assez "in" pour affirmer ceci à la façon d'une certitude ♥

 
 
 
le 08-05-2010 23:56

LE DERNIER ROLE 14

 

Chapitre 3 (suite)

 

     Le jeune garçon était très embarrassé, et cela, heureusement, calmait sa joie. Brusquement il eut une idée lumineuse. Il se souvint comme Lydie claquait sa langue avec délices quand elle buvait chez son oncle un verre de Ricard… Après tout ne noie-t-on pas les grands chagrins dans l’alcool ? !

     -       Nous aurions pris l’apéro. » hasarda-t-il.    

      Pendant quelques secondes les yeux de l’adolescente brillèrent de convoitise. L’apéro, un Ricard sûrement ! Tout de même, elle aurait l’air de quoi maintenant ? Il n’aurait pas fallu qu’elle pleure autant ! Non, mieux valait renoncer cette fois…

     -       Mon bon Pierrot, je vous fais tout rater, mais il faut que je reste, que je les vois se sourire… Il faut que je la voie embellie de l’amour de l’autre. Elle eut l’impression qu’elle venait de réaliser une littérature, et qu’elle inaugurait un nouveau genre de romantisme. Pour le jeune homme elle devenait obscure :

     -       Mais quel autre ? » pleura-t-il.   

      Violente, elle répondit :

      -       Vous ne la voyez pas qui se pâme dans ses bras ? »

      -       Qui se pâme ? Dans quels bras ? »   

      Elle n’eut pas le loisir de répondre. Comme elle cherchait un refuge pour y mourir, ses yeux tombèrent sur le couple haï. Ils suivirent tous les deux, elle, avec des yeux de lionne, lui, avec des prunelles de chien fidèle ou d’enfant, les évolutions de Mimir et d’Alice. Il admirait… Elle ne souffrait plus autant parce qu’elle aurait voulu gifler cette intrigante… Faire un beau scandale, griffer Mimir ou mourir dans ses bras !  

   A dix-huit ans il y a rarement autre chose dans un chagrin d’amour, rarement que de la violence ou de l’abandon à l’objet aimé. Il ne s’y mêle aucune blessure d’amour propre, d’orgueil blessé, de malaise du à de précis désirs.

    La jeune fille les vit arriver si près que son souffle en fut coupé. Elle serra la main de Pierrot, éberlué de cette force. Elle voulut émettre une phrase que sa colère étouffa. Elle ne put que grogner, le visage pourpre levé vers les deux heureux :

    -       Pas belle, pourtant, cette salope ! »  

    Son mot ordurier la calma. Gênée, elle regarda Pierrot qui savourait cette grossièreté… et la présence d’Alice !   

    Il apprécia de haut en bas le corps de la jeune valseuse, avec un air ravi et un tantinet gâteux. Sa compagne le vit humer avec satisfaction le parfum intrigant du couple. Sa colère subite changea d’objet… Elle n’aspirait plus qu’à froisser ce benêt, ce trop jeune…

    -       Ne la regardez pas ainsi. Vous avez de nouveau les yeux d’un gastronome évaluant une tranche de galantine truffée. » 

    -       A moins que cela soit un délicieux bonbon ! » rectifia-t-il, et il reçut sur la joue, avec une extrême candeur, un magistral soufflet.  

    Tous les deux se levèrent comme si la gifle était le signal du départ. Un vieux monsieur se moqua : « Les enfants devraient être au lit à cette heure, ils deviennent méchants. » Ils crurent alors essuyer le plus offensant affront.   

     Pour se venger de tout, des enfants au lit comme de la gifle, Pierrot, pendant qu’il enveloppait Lydie dans sa sortie de bal, au vestiaire, lui susurra dans l’oreille, d’un ton baderne et protecteur :

     -       C’est le beau Mimir, mon petit chou, qui vous fait souffrir ? Oh la la, que ne le disiez vous, on vous aurait fourni des mouchoirs ! Mais n’est-il pas un peu rassis pour vous Lydie ? ! »

     -       Rassis, rassis ! » fit-elle, « Mimir rassis ! Lui, le plus beau, le plus séduisant ! » Et elle éclata en sanglots… 

                                                                                                            (à suivre)marieclaude.peyraud@gmail.com

 

 


 
 
le 02-05-2010 11:14

DELIRONS 13

 

DE L’IDEALISME A DIEU

 

De quelque façon que l’on se représente les principes, qu’on se les représente comme être ou comme substance, ou comme cause ou comme bien absolu, ils ne peuvent être pensés ni connus qu’à l’aide d’une idée. L’idée constitue la matière de la connaissance, et la forme, la méthode ou l’ordre nécessaire des choses. En partant de ce point de vue, on arrive naturellement à ces deux conséquences :

 

1/ L’absolu, c’est l’idée en soi, ou la notion, comme l’appelle Hegel, que les choses, êtres et connaissances, ne sont plus que des formes diverses, des manières d’être, des moments de l’idée.

2/ La seule méthode vraiment scientifique est donc celle qui montre comment s’opère ce passage de l’identité à la contradiction, en parcourant tous les degrés de l’être et de la connaissance.

 

 L’idée se pose d’abord comme idée abstraite et logique, puis elle se sépare en quelque sorte d’elle-même pour se donner un objet dans la nature ; enfin elle entre dans l’esprit, en possession de son existence absolue. L’esprit pense à la fois l’idée et la nature ; sa vie, c’est le devenir, et le devenir dans l’activité infinie de la pensée.

 

L’esprit va d’un contraire à l’autre et par là, il moule en quelque sorte  la nature à la façon de l’idée et les fusionne toutes deux dans l’unité de sa pensée. C’est l’idée réalisée qui, après avoir formé la nature à son image, se contemple dans ses œuvres et se reconnait comme force infinie, comme cause absolue de l’être et de la vérité.

 

Pour Hegel elle est la plus haute réalité : et l’être et la connaissance, la nature et la pensée, tout s’explique par elle, tout a en elle sa raison et son fondement.

 

Mais l’idée du mouvement, par exemple, est-elle l’être, la force, la cause qui produit le mouvement ?

 

Il y a d’un côté l’idée, et de l’autre le phénomène qui a son être et son principe dans l’idée.

L’idée possède t elle la plénitude de l’être à l’état de pure idée ?

 

Si elle la possède elle se suffit à elle-même  et l’on ne conçoit pas pourquoi elle sort de son existence absolue pour se manifester dans la vie phénoménale.

 

Toujours selon Hegel, elle s’ignore dans la vie logique et elle ne se connait que comme idée finie et limitée dans la nature. Ce ne sont là, par conséquent,  que deux formes inférieures de l’existence, que l’idée franchit pour entrer en possession de son existence absolue. 


Mais Hegel n’a-t-il pas exagéré la valeur de l’idée en la confondant avec l’être et l’absolue ?

 

 S’il est vrai que la forme parfaite de la connaissance est celle qui représente le développement même de l’être qui va du général au particulier, des causes aux effets, de l’infini au fini, pourquoi ne savons-nous pas expliquer comment l’infini engendre le fini, comment il exerce son action sur le monde ?

 

Pour Platon un principe supérieur engendre l’idée dont il  est comme la substance.  Ce principe il l’appelle le bien.Il y a l’être absolu, puis la pensée de l’être absolu. L’être absolu est déterminé, ainsi que sa pensée, car l’indétermination est un manque, un défaut et elle est contradictoire à l’absolu.

 

Ce qui détermine la pensée absolue c’est une forme immuable et éternelle, l’idée, laquelle doit nécessairement correspondre à son être même : car l’être est d’abord, et puis il se pense tel qu’il est, la pensée sans l’être manquant de raison comme d’objet. Ainsi, il y a l’être absolu et sa manière d’être, attributs ou déterminations, et les idées à l’aide desquelles il pense, soit son être, soit ses déterminations ; il y a le bien, le vrai, l’unité, l’âme et toutes les essences ainsi que les idées qui leur correspondent, et tout cela trouve sa raison, et comme sa substance dans l’être absolu, de même que les facultés et leur activité ont leur racine dans la substance de l’âme.

 

Il faut à l’idée un sujet qui la pense et lui donne la conscience d’elle-même.

 

Détachée du sujet, l’idée n’est qu’une possibilité, une abstraction vide et sans réalité. C’est le sujet qui communique l’être à l’idée et qui, par sa pensée et par son activité, la fait passer de la possibilité à l’acte. Or, à l’existence absolue des idées, il faut un sujet également absolu. L’intelligence humaine ne saisit qu’imparfaitement les idées, elle ne les connaît que successivement, elle les ignore ou les oublie, et elle ne saurait en embrasser d’une seule vue l’ensemble et les rapports. Il y a donc une intelligence qui pense les idées d’une manière parfaite et absolue. Autrement d’où viendraient-elles lorsqu’elles font leur apparition dans l’intelligence humaine ?

 

 On dira qu’elles s’y trouvent à l’état d’enveloppement, bien qu’elles ne soient pas présentes à la pensée. Mais tout en accordant cette préexistence virtuelle des idées, il faudra toujours admettre qu’il y a une intelligence qui les connaît et les pense actuellement ou qui les a pensées antérieurement à l’intelligence humaine. En effet, si on devait considérer les idées comme des formes de la connaissance ou des principes de l’être, si elles n’avaient pas une existence absolue antérieure à l’acte de la pensée, il faudrait démontrer que la connaissance vient d’un principe qui s’ignore ou l’être d’une pure possibilité.

 

 Il suit de là que l’absolu n’est pas dans le monde et que tout en agissant sur le monde, il vit d’une vie propre, libre et individuelle. Ainsi il y a l’être absolu et les idées à l’aide desquelles il se pense lui-même, ou les choses dont il est la cause.   

 

 


Commentaires

 

1. corail  le 09-05-2010 à 12:44:14  (site)

Marie-Claude pardonne moi, j'ai pris ton article pour le lire tranquillement chez moi.
Je mets ton lien pour que celles et ceux qui viennent chez moi puissent le lire en V.O.
Toute mon affection amicale à toi Marie-Claude

2. lejardindhelene  le 11-05-2010 à 05:21:01  (site)

Eh bien c'est costaud...Admirative je suis, moi qui ai une réflexion très intuitive, je me sens toujours perdue dans la philosophie et n'ai jamais rien d'intelligent à dire...
PS Pas de pbl pour tout ce que tu veux citer de mon blog...
Bonne journée

 
 
 
le 23-04-2010 23:33

LE DERNIER ROLE 13

 

CHAPITRE 3

 

          Dans un coin du salon, sous une grande plante verte, Lydie méditait sombrement, farouchement, comme les êtres très jeunes qui ont sujet d’être mécontents. Son compagnon, un adolescent de vingt ans à peu près, inconsistant, la moustache encore fragile et prétentieuse, la regardait d’un air boudeur et osait de temps en temps une phrase polie qu’il voulait réconfortante et spirituelle. La jeune fille tapotait nerveusement, de son éventail rose, sa petite paume brune. Dans sa robe, d’une couleur un peu voyante, elle apparaissait dorée comme une créole, trop épanouie pour sa petite taille. Les lumières dansaient dans ses yeux noisette comme des petits lutins furibonds.

      -       Lydie, mais qu’avez-vous ? Depuis le début de la soirée vous n’avez pas dit quatre paroles, et vous avez refusé obstinément de danser ! »

       -       Je ne danserai pas, Pierrot, je vous l’ai dit, et surtout avec vous ! Je n’ai pas envie de rentrer ce soir sans chaussures ! »   


       Il évita un bâillement d’ennui, la regarda… Evidemment il n’y avait rien d’autre à faire qu’à la laisser à sa mauvaise humeur, mais il avait beaucoup de sympathie pour Lydie, et quelquefois, elle savait être si charmante ! Il essaya d’improviser un compliment, qu’il élabora au préalable en pensée, car il était ordinairement assez gaffeur.

      -       Vous êtes pourtant jolie ce soir, et votre robe aussi… Votre coiffure attire tous les regards. » 

      -       Qui ? » lui cria-t-elle, « Qui est jolie ? Ma robe ? Ma coiffure ? Moi ? Mon pauvre Pierrot ! On ne vous comprendra jamais ! Surtout quand vous voulez être intéressant ! » Elle ferma rageusement son éventail.

       -       Puis tenez, les gosses de dix-neuf ans comme vous ne devraient jamais faire de compliments aux femmes ! » 

       -       Aux femmes ! » Il allait protester, le menton levé, la poitrine en avant comme un valeureux athlète.

        -       C’est vrai, » remarqua-t-elle, excédée, « vous avez toujours l’air, en feignant m’admirer, de contempler une galette ou une tartine de confiture à l’heure du thé. »   


         Coléreux mais embarrassé, maîtrisant une folle envie de la gifler, Pierrot enchaîna :

       -       Dites que je vous déplais affreusement, ou alors, » siffla-t-il, redevenu pratique et incisif, « Vous avez la migraine ! Votre front jaunit et vous avez un commencement de bouton sur le nez ! Il vaut mieux que je parte ! » 

       -       Quoi ? » fit-elle, en palpant son nez, « Un bouton ! » Puis elle le vit prêt à partir, se vit seule, privée de celui qui supportait ses caprices avec stoïcisme. Elle fit un effort pour le retenir en essayant un navrant sourire, puis, se sentant malheureuse, infiniment, avec son front jaune, le bouton épanoui de son nez, elle ne chercha plus à retenir ses larmes qui, généreusement, mouillèrent des cils trop noirs.

       -       Vous êtes un enfant, Pierrot. Un enfant ! Non, vous ne réalisez pas ce que je souffre ! »   


       Etonné, il la regarda bouche bée, prêt à la voir se diluer dans cette souffrance virile, comme le noir de ses cils dans ses larmes. Elle eut alors une importance démesurée, et, malgré une ou deux marbrures noires au coin du nez, qui l’apparentaient à un jeune mousquetaire, il la trouva  idéalisée par sa douleur. Une légère tendance au romantisme lui faisait trouver belles les larmes. Il eut voulu pleurer ainsi… Un peu, pas trop, juste les yeux emplis... Comme ils seraient beaux tous les deux, près d’un lac ! Il imagina Lamartine et Elvire… Le clair de lune de Werther… Et, dans son imagination, leurs deux silhouettes s’affinaient, leurs yeux brûlés de larmes mangeaient leurs deux visages, émaciés et pâles… Si émouvants… C’est drôle, elle lui avait toujours fait l’effet, sa petite Lydie de dix-huit printemps, d’une bonne petite femme faite pour les petites peines et les petits péchés ! Un peu comme lui… Il hocha la tête… Ce soir pourtant… Il fut navré de ne pouvoir atteindre cette douleur… Il la contempla encore. Il fallait saisir cette suprême minute de souffrance, s’enrichir d’un sentiment nouveau.    


       Lydie tourna vers lui un visage ruisselant de sillons bruns, épais comme de l’opium sur la tête d’un pavot… L’effet irrésistible fut dépassé, mais autrement… Il tendit rapidement un mouchoir et lui cacha le visage pour qu’elle ne vit pas ses efforts pour rester douloureux…

       -       Vite, vite, essuyez-vous. » lui jeta-t-il en se tordant silencieusement de rire, rougi par ses éclats de joie silencieuse.

       Elle se laissa aider, essuyer, et prit en cinq minutes, dix ans de plus… Une espagnole mûre, jalouse à hurler de cette chipie d’Alice qui accaparait Mimir et lui enlevait le Bonheur de cette soirée qu’elle avait rêvée inoubliable…

        -       Ne pleurez pas, chérie, et, si vous le voulez, je vous accompagnerai chez vous. »

        -       Oh non ! » fit-elle, en résistant, « Non, j’assisterai à tout, je vivrai mon calvaire ! »

 

         Elle se cacha derrière son éventail qu’elle déploya comme un paravent.

 

 (à suivre)

 

marieclaude.peyraud@gmail.com

 

 


 
 
 

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