RESSAC D’ANGOISSE
J’aime les fleurs fanées car elles ont une âme…
Et qu’avant de mourir, pauvres échevelées,
Elles offrent au ciel un cœur lourd qui se pâme
Et donnent à la terre leurs pétales mouillés.
J’aime les cieux languides, gris fer, pleins de nuages,
Où le soleil s’éteint en disque sans reflet,
Et, parcourus de vent, bouleversés d’orages,
Noircissent sur les champs où se dorent les blés…
J’aime les vieilles ruines qui tombent en poussière,
Les pierres pathétiques où s’accrochent, navrées,
En tourments durs et secs, les volutes du lierre…
Les cheminées éteintes aux cendres écroulées !
J’aime les vieilles femmes où pleurent dans les rides
Des yeux pâles et troublés de larmes silencieuses,
Et leurs gestes flétris d’anciennes mains avides
Qui savent se croiser pour les oraisons pieuses.
J’aime l’idée de Dieu que l’on ne comprend pas…
J’aime mon cœur blessé de silence et d’angoisse,
J’aime tout l’Univers hanté par tous nos pas…
Mon âme dépendante de ma chair qui se glace…
Et pour cet Infini je hurle mes douleurs…
Et nul ne les entend…
Je tremble et je frissonne, secouée par la peur
De Dieu ou du Néant…
Où vais-je donc aller ? Que serai-je encore
Après ma mort charnelle ?
Dans quelle Eternité, gouffre d’Enfer ou port
De mon âme immortelle ?
Je ne veux rien admettre qui ne soit Vérité.
J’ai soif de La connaître…
Si Dieu existe enfin comme éternel été,
Pourquoi ne pas paraître ?
La lumière est en moi et quel ordre l’a fait,
Confondue aux ténèbres ?
O Dieu, Sublime Père, et si Tu l’ignorais,
Je t’aimerais quand même…
Je me soumettrais, humble à Ta loi de silence,
Si, Dur, Tu m’en priais…
Mais je préfère un signe à tes siècles de science
Si Bon, Tu le voulais…
Et je fais quelques vers, ne sais plus espérer,
Trouver bons mes amis, ignorer les infâmes,
Ecouter dans le vent des voix qui font aimer,
Et me brûle toujours, impatiente, à la flamme !
Mais les années s’écoulent, rapides comme l’onde,
Et comme l’onde aussi, s’en vont vers quelque mer…
Je pense, malgré tout, et je rêve d’un monde
Où Vous connaissant mieux, rien ne serait amer…
Et j’aimerais enfin les jeunes voix qui chantent,
L’avril qui va fleurir les prés et les rameaux,
Le ciel rose ou nacré, les aubes caressantes,
La terre maternelle qui berce les ruisseaux…
Alors j’aimerais même la fièvre engourdissante,
Et cet or du couchant qui voit le jour mourir,
Le rythme de mon cœur, aux tempes bondissantes,
Et je ne craindrais plus… Et j’oublierais finir...
Commentaires
"J’aime tout l’Univers hanté par tous nos pas…"
Moi aussi...
Belle journée...