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Titre du blog : Du rire aux larmes
Auteur : durireauxlarmes
Date de création : 13-06-2008
 
posté le 08-04-2010 à 03:30:16

LE DERNIER ROLE 12

 

Suite et fin du chapitre 2

 

                  De nouveau la valse s’évanouissait. Les couples se séparaient dans un brouhaha entêtant, chaud.

    

      Ils étaient grisés, près de la fatigue inconsciente, baignés encore de l’atmosphère musicale qui les avait éloignés des réalités de la vie. Assez sots de se retrouver partenaires si banals, ils se jugeaient maintenant sans complaisance. L’intimité qui les rendait uniques était passée. 

  

       Quelques autres, plus chanceux, s’alanguissaient encore dans quelques phrases murmurées à l’oreille.  


        Une vieille dame, sourde sans doute, cria trop fort en recevant sa petite fille, couleur pivoine, dans un fauteuil :

        -       Mais que te disait-il donc ? »   

       Mimir sourit et glissa à l’oreille de Mademoiselle Alice Bérard :

        -        N’est-ce pas que ça ne regarde pas Grand-Mère, petite fille ? »   

       

        Il lui entoura la taille de nouveau, mais très respectueusement, pour la reconduire près de sa mère. Il se pencha vers elle, tendrement, et simulant l’intérêt :

        -       Répéteriez-vous tout ce que je vous dirais à Madame votre mère ? »  

        Elle le regarda en faisant « non », et c’est lui qui eut le bon ton de baisser les yeux en caressant la fleur de son corsage :

        -       Elle est très belle … Mais il fallait la choisir rouge… Vous comprenez, avec votre teint… »   

         Il la regarda de nouveau, pour s’assurer de l’effet qu’il produisait et continua :

        -       Et vos yeux si merveilleusement noirs … »  

  

        Ses yeux si merveilleusement noirs ! Elle s’appliqua à saisir toute la valeur des mots. Elle regarda l'ensorceleur gentil, si gentil ! Tellement plus que Gilbert, et tous les autres.  

        Silencieusement, elle s’assit près de sa mère et attendit mélancoliquement une autre valse…  « Mon cœur … Non … Mes yeux … Si merveilleusement noirs… » 

   

        Elle aurait voulu demander, questionner… Mais il ne le fallait pas. Maman avait une si mauvaise idée des jeunes filles osées. Mieux valait ne pas savoir. 

   

         Mimir s’éloignait déjà. Elle eut une détresse soudaine qu’elle cacha derrière son éventail. 


                                                                      marieclaude.peyraud@gmail.com