Une très belle page poétique écrite par Lakma de Kermal,
extraite de son blog : http://Oozmama.vefblog.net
(Avec son aimable autorisation)
Ne détache pas l’anneau que tu avais toi-même scellé à mon âme, en signe de prise de possession, et que les plus sophistiqués rayons laser ne parviendraient pas à faire rompre.
Au moment où je franchirai le seuil du royaume de l’apesanteur, vrillée à tes jambes et à ton cou, tu pourras me rappeler, en tirant sur l’anneau pris dans les chairs, que tu as débuté comme montreur d’ours à la fête foraine de Privat.
Comment nos corps fusionneront je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que tu ne sortiras pas de moi. Je ne te laisserai pas partir. A mon tour j’emprisonnerai ton cou de buffle avec mes mains et je serrerai si fort, j’enfoncerai si bien mes pouces à l’endroit où bat la veine essentielle que tu perdras la vie. J’en fais serment. Je serai ta dernière épouse.
Je ne continuerai pas à vivre avec cet écoeurement, cet émerveillement, ce goût de défaite programmée, cette condition sine qua non de ta prédominance : tu n’as pour projet dans ta vie que d’ouvrir tes bras à une nouvelle fille ... Et je ne peux le trouver faux, ce projet, parce que j’ai admis dès que j’ai commencé à t’aimer de cette façon que c’est le seul qui soit plausible pour toi, dans ta quête de la vie éternelle.
Il y a autre chose que je veux dire, comme ils disent à la radio : aussi longtemps que je préfèrerai l’idée de garder mes beaux cheveux à celle de t’appartenir, je ne peux pas dire que je t’aime sans que ce soit un mensonge. Aimer c’est avoir la relation de Didier avec sa radio. Tu vois ça balaye large. Y’a du monde…
Je suis heureuse, mon amour : je suis devenue une vieille femme avec un chignon canon qui brinquebale comme un panache blanc sur une tête de vieille pomme rieuse, avec des enfants rigolards et hilares de beuh plein le bateau.
Et la belle au bois dormant centenaire rêve qu’elle étrangle le Yéti en se faisant engrosser de son fruit.
N’est-ce pas ainsi qu’il faut aimer ?
Un couple de volcanologue, les Kraft, avait écrit :
« La vie ne vaut d’être vécue que tant qu’elle vous consume… »
Et ils sont morts ensemble en descendant un torrent de laves sur un canoë spécial !
C’est ce que j’appelle aller au bout de sa passion ! Toutes les autres amours ne sont que des tisanes refroidies.
Notes de : « durireauxlarmes »
Commentaires
Vraiment un beau texte !
○
c'est vrai que je suis en extase en voyant mes beaux cheveux
ma soeur avait de beaux cheveux tout pareil, mais elle a eu un cancer et avec chiniothérapie elle les a perdu
moi seule savait comme elle était la même personne avec ou sans ses cheveux
elle avait mis un bonnet sur sa tête, elle entrait dans les troquets et commandait un Viandox ! Ça tue sa race des coups comme ça !
Les cheveux ça brûle tout pareil à l'incinération. Elle est morte le 19 mars, le jour de la Saint Joseph. 1997 du calendrier Julien.
Je t'embrasse Marie-Claude, pour faire face aux brutalités de l'existence
Lakma - toujours autant de talent
♥
Merci, Marie-Claude.
Ce n'est pas simple à vivre tous les jours !