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Titre du blog : Du rire aux larmes
Auteur : durireauxlarmes
Date de création : 13-06-2008
 
posté le 08-01-2010 à 22:46:17

LE DERNIER ROLE (11)

 

Suite chapitre 2

 

 

     Le jeune gandin était tout sourire et confiance. Espiègle, elle lui mit sa main sur la bouche, et, cette petite main qui cachait à peine une petite moustache fit souffrir Monsieur Gilbert Bérard, agrégé de Mathématiques.  


    Tous les trois, ils rejoignirent Madame et Mademoiselle Bérard. La jeune fille avait l’air de s’ennuyer un peu et son sourire n’arrivait pas à lui donner l’aspect heureux. Elle regardait Blandine, si à l’aise entre les deux Messieurs, naturelle, élégante. Elle admira son teint de fleur, le mouvement de sa jupe sur ses hanches minces et la façon dont elle riait, en paraissant à la fois excédée et heureuse. « Pourtant plus très jeune ! » remarqua-t-elle, et ceci la réconforta. Elle démasqua même avec plaisir une ride sous le menton, et, avec un peu de bonne volonté, quand Blandine s’offrait de profil, une certaine ligne… Peut-être une petite ride à la commissure des lèvres. Heureuse de son investigation, elle s’exclama avec trop de chaleur :


     -       Quelle merveilleuse danseuse, Mademoiselle Blandine ! Je n’ai vu que vous ! »  

    Mademoiselle Blandine, si féminine, perçut la joie trop vive, et l’affecté du compliment. Elle fixa la jeune fille qui se dérobait déjà. Elle allait répondre quand Mimir s’avança : 

 

     -       Et pourrait-on vous admirer avec moi dans la prochaine valse, belle Demoiselle ? »    


      Il avait le ton légèrement frondeur des beaux jours. Ses yeux souriaient pendant qu’il s’inclinait en lui offrant une coupe de Champagne.   


       Madame Bérard, assise avec une dame de son âge fit retourner l’intérêt vers elle : 

 

     -       Fais attention, chérie, c’est très fort ! » 

 

      -       Pas autant qu’elle, Madame ! » et, gouailleur, « Elle pourra tousser tout à volonté, nous sommes là pour lui taper dans le dos. »   


       Alice resta sans paroles, un peu désorientée, mais elle but sans tousser, en s’observant.

 

      -       Voilà, c’est très bien ! »     


       On ne sut pas si le beau garçon félicitait les musiciens qui recommençaient ou la jeune fille. Celle-ci n’eut pas loisir de répondre. Déjà un bras nerveux l’entraînait. Elle sentit sur sa joue, dans ses yeux, puis sur ses cheveux qu’elle redouta mal coiffés, un regard connaisseur qui la jugeait. Elle osa regarder son partenaire et vit un peu de pitié avec quelques onces d’admiration… Elle s’appliqua à ses pas et respira, sur cette poitrine qui la frôlait, une délicieuse odeur de tabac et de Chypre. Elle n’eut que cette pensée, la seule qui la hanta : « Me trouve-t-il jolie ? » Elle le regarda de nouveau et n’en fut pas très sûre.     


        En face d’eux un couple bavardait en glissant. Une femme blonde, vaporeuse, moins jeune qu’elle, et son frère qui la regardait avec un air d’extase qu’elle ne lui connaissait pas… Quel visage irradié !    

      

        Son valseur se pencha vers elle, souriant d’un air complice : 

 

     -       Elle lui raconte des folies, des mensonges, des masses de mensonges … »   


       Elle sourit, revint à la réalité et ne sut pas s’il fallait approuver ou nier. Son valseur la serra plus fort dans ses bras, s’amusa de sa perplexité, la regarda bien dans les yeux pour lui demander : 

 

     -       Aimez-vous les mensonges, gentille petite fille ? »   


      Elle fit non de la tête et trouva son valseur très beau. Mais pourquoi ce splendide garçon s’occupait-il de l’autre, pourquoi ? Il crut deviner ses pensées : 

 

      -       Nous nous connaissons depuis si longtemps, vous savez, Blandine et moi. »

 

       -       Elle est très jolie ! » fit-elle, pour voir ce qu’il allait répondre. 

 

       -       Oh ! Jolie, je ne sais pas… » fit-il, « Vous l’êtes sans doute plus qu’elle… Mais si femme, si femme… ! » Et il desserra son étreinte pour lui caresser la joue. « Vous êtes une délicieuse petite fille, bien sage. »    

        Il se recula pour mieux l’observer, faire jaillir d’entre ses cils ce regard froid, inquisiteur et un peu caressant qu’il savait irrésistible. 

 

      -       Sage ? » redit-il, « Et mais… Peut-être pas autant qu’on le croit. »

 

         Il attendit. La jeune fille rougit et baissa les yeux.

 

       -       Oh ! Pourquoi ? » fit-elle. 

 

       -       Parce qu’il y a la vie. La vie… Et autre chose … »   

 

 

                                                                (A suivre…….)

 

 Marie-Claude PEYRAUD 

 

 

Commentaires

ooz le 20-01-2010 à 11:37:32
Délicieusement suranné ... Il n'existe plus d'hommes aussi romanesques


PS Marie-Claude prends ce que tu veux qui soit signé Lakma de Kermal, je ne revendique rien que par moment ces signes d'amitié et de chaleur, qui me font me sentir moins solitaire.


Je t'embrasse

Marta