Suite chapitre 2
Elle aimait à le sentir ému, mais lui savait gré de sa réserve. Les audaces ne lui plaisaient qu’autant qu’il lui plaisait adroitement de les provoquer.
Quant à lui, être aussi près de cette femme qu’il jugeait parfaite même en ses défauts, le rendait craintif et heureux. Il l’admirait. Elle était bien seule à posséder une chevelure aussi blonde, aussi mousseuse… Ce teint éclatant de fleur… Ces yeux si naturellement absents d’elle-même… Non, vraiment, elle était ce qu’il n’avait jamais vu, ce dont il avait besoin pour se sentir heureux… Et cette souplesse de mouvements qui s’alliaient instantanément aux siens… Une liane… Il rêvait…
Plus grand de quelques centimètres seulement, il devinait son visage, plus qu’il ne le voyait… Un peu comme son corps que son étreinte de valseur lui révélait souple et gracieux..
Trois fois déjà il avait eu le plaisir de la rencontrer, l’ineffable bonheur de l’intéresser, de lui causer…
A son arrivée, en visite un peu protocolaire où elle lui était apparue comme une si bonne camarade, franche et sincère, si spontanément jolie… La deuxième fois, chez des amis communs, à un thé, où il faillit se moquer du ridicule chapeau, un oiseau sur une grappe de raisin, où il découvrit le minois blond sous les ailes, et le raisin qui tombait sur un œil un peu voyou… Il rêvait encore de son parfum de Lilas qui l’environnait de printemps précoce…
Trois jours avant elle avait envahi le salon du Principal :
- Regardez, je suis Dédé, je pèse lourd, si lourd que j’ai tué Blandine. »
Elle riait, avait déposé son fardeau dans un grand fauteuil, l’avait mangé de baisers sonores. Le salon austère avait été transformé. Le bébé avait crié en tendant les bras vers la blonde jeune fille qui l’avait repris dans ses bras. Il avait pensé : "Une boule de laine blanche sur une fée en voilette qui paraissait heureuse, si heureuse… "
- Voyez comme il est grave et sérieux, c’est le fils du juge ! Il a bien voulu finir sa bouillie et je l’ai volé à sa mère. »
Elle riait, détendue et un peu irréelle dans sa fourrure assortie à ses cheveux, mince et menue, son visage seul si vrai et si vivant… Elle l’avait alors découvert et il avait eu un moment de panique en se réalisant si insignifiant auprès d’elle. Il n’avait pas eu à souffrir longtemps. Elle lui tendait généreusement ses deux mains dégantées.
- Monsieur Gilbert, vous rappelez-vous au moins vos délicieuses bouillies, vanille, orange, chocolat ? Les garçons sont si gourmands, vous devez en garder le souvenir ?
Cela avait suffi. Le salon entier avait donné son avis sur la gourmandise des bébés filles ou garçons, et, de là, sur d’autres sujets aussi étourdissants ! … … …
Elle devint consciente de la rêverie de son partenaire…
- Ne trouvez-vous pas que c’est parfait ? »
Et comme il restait sans répondre, elle le regarda un peu curieusement, amusée de son silence… A quoi pouvait-il bien penser ? Dans quel monde promenait-il sa valse ? … Leurs regards se croisèrent. Il rougit parce qu’il se crut deviné, et elle le trouva adorablement jeune.
- Gilbert ? Monsieur Gilbert ! » fit-elle avec une pression de sa main sur celle du jeune homme, « Ne trouvez-vous pas que nous nous entendons comme voleurs en foire ? N’est-ce pas votre avis ? Tenez, regardez tous ces gens qui nous admirent ! »
- Qui vous admirent ! » rectifia-t-il avec un peu de timidité, puis il osa : « Qui ne vous admirerait pas ? Vous êtes éblouissante ! » Peut-être était-il imprudent, maladroit, cependant elle riait gentiment et plaisanta :
- C’est vrai, j’ai mes plus beaux atours, mes bijoux les plus chers et ma robe couleur du temps… » Il continua, mis en confiance par le jeu :
- Et les yeux du plus bel azur… Et le teint à défier… »
- Oh ! seriez-vous poète, Monsieur Gilbert ? Alors, cachez le bien, on leur préfère les négociants. »
Elle le regardait, trouvait gentil son désarroi, et lui, sympathique, et un tantinet émouvant, avec son air sage et loyal. Peut-être chic, mais pas de « chien » ! pensa-t-elle en le comparant à Mimir. Elle se serra contre lui, affectant une joie de petite fille, afin de l’énerver, d’émoustiller un peu ce sérieux professeur.
Il ne profita pas de cette offrande. Il la retint contre lui comme une précieuse gerbe odorante, ému de la sentir si présente et redoutant de la serrer trop fort. Fine mouche, elle perçut ses craintes, fit quelques faux pas dont elle profita pour lui sourire, tête renversée, cils en écran sur ses yeux et lèvres presque offertes dans une moue gentille pour s’excuser. La mâtine s’amusait prodigieusement !
- Ce n’est rien, » dit-il très vite, pour cacher son trouble, « J’ai senti votre pied sans en supporter le poids. »
- Ah ! Premiers désaccords, Gilbert… Je ne vous gêne pas de vous appeler ainsi ? On se sent tellement plus à l’aise ! » Il dut se secouer un peu pour lui répondre, tant le temps lui semblait rapide et les minutes fuir. - Je ne crois pas, chère Mademoiselle, qu’on puisse être en désaccord avec vous… »
Il ne put achever, elle l’arrêta en riant : « Pas de chère Mademoiselle, Gilbert. Appelez-moi Blandine ou vous allez donner à penser que je suis votre institutrice ! »
La valse s’achevait… Ils se retrouvèrent les bras pendants, l’un devant l’autre, les yeux dans les yeux, un peu mutilés par ce silence qui les avait séparés brusquement. Il eut l’impression qu’il ne revivrait plus un pareil bonheur… Il dit tout bas :
- Je vous appellerai Blandine, oui, c’est un nom si heureux … Il emplit tant le cœur… »
Il s’arrêta, rougissant, porta la main à son front, et son cœur se mit à s’affoler. Elle le rassura, passa son bras sous le sien et pensa : « C’est la troisième fois qu’il rougit comme une tomate. Est-ce que j’ai l’air d’un parangon de vertu ? » Elle se désespérait sincèrement de paraître telle, et cela l’exaspérait un peu d’en rester aux premiers mots d’un balbutiant amour. Flirter était sa joie, surtout avec un partenaire averti. Mais celui-ci tout de même, quel débutant au joli visage !
Hélas ! Celui-ci, de son côté, voulait laisser un souvenir aimable. Il sentit pour la quatrième fois trop de chaleur sur son visage, et cela le fit bégayer :
- Comment exprimer ma reconnaissance ? Je compte donc une gentille amie de plus dans cette nouvelle ville. Merci Blandine ! »
Elle corrigea, gamine, ce que son ton avait de trop sérieux. Pour elle, rien, jamais, ne devait justifier tant d’émotion. Il lui devint curieux, énigmatique. Elle s’arrêta de rire.
- Ne vous félicitez pas de cette chose. C’est la pire qui puisse vous arriver. Je suis parfois si désagréable ! »
- Oui, elle ne vaut pas cher ! » ironisa Mimir, arrêté derrière eux, et qui avait prêté une oreille complaisante à leurs dernières paroles.
(A suivre……. )
Commentaires
Bonsoir Marie-Claude
Oui, en colère. Pourtant ça fait longtemps. J'avais mis un message sur le forum à ce moment là et le lendemain, il était effacé.
Je suis revenue sur le sujet. On ne me fera pas croire que c'est impossible d'envoyer un message à tous. Enfin!!
Pour la FNAC, c'est compliqué. Et c'est dispendieux un envoi ici.
Mon patron part pour l'Italie bientôt. Il doit passer chez sa soeur en France (région de Paris) Si tu as une ou des adresses, je les lui donnerai.
Si tu vas chez Annie la marmotte, la fiancee du soleil, chez lili....j'ai monté leur kit pour leur blog. Je les ai installés moi-même et après je leur ai demandé de mettre un nouveau mot de passe.
Si tu veux quelque chose, ça me fera plaisir de te le faire. Avec des images que tu aimerais. Ne te gêne pas surtout! C'est gratos et de bon coeur.
Gros bisous
Amicalement
MaySue
Je dépose quelques tendresse pour te souhaiter un doux week-end..
je t'envoie un énorme bouquet...
de bisous étoilées....
Gina
Oupssss
Aurais dû écrire : j'espère qu'il n'était pas malade. Ne voulait peut-être pas en parler.
Tu me diras si tu es d'accord pour le nouveau lien dans liens externes sur mon blog.
Bisous
MaySue
Bonjour Marie-Claude,
Comme tu dis, pour Bouddha, assez inquiétant de laisser ses enfants dans cette jungle. Moi, c'est ma plus grande inquiétude.
Et je suis rendu au dernier round ou presque et lui n'aura que 18 ans bientôt. Donc, la santé, c'est important!
J'ai vérifié ça déjà pour le livre. Mais j'y retourne. Si ça ne fonctionne pas, je te dirai.
En attendant, je suis à te concocter un pt'it quelque chose. Ce sera à voir sur mon blog.
Tu n'as aucune nouvelle de PTK49?
J'espère qu'il n'était pas malade et qu'il ne voulait pas en parler.
En attendant, gros bisous et à bientôt!
Porte-toi bien!
May