PRO PACE
Un jour le ciel à nouveau sera bleu…
Et l’air s’emplira de froissements d’ailes
Qui oublieront les avions et leur feu,
Les flammes qui brulent les citadelles…
Un jour l’herbe des champs repoussera
Et recouvrant la terre que la fureur
Démentielle des hommes laboura
L’herbe s’embaumera de mille fleurs…
Un jour les collines et les hameaux
Que les bombes et les fusils harcellent
Se berceront des chansons des oiseaux
Sous la lune, vigilante nacelle…
Un jour sur les sommets comme des crocs
Qui, de tous leurs pièges acérés, grincent,
Ne s’entendra plus que le long écho
De l’appel d’une bergère à son Prince…
Un jour il n’y aura que le soleil,
Nous ne connaîtrons plus que sa lumière…
Un jour ce sera le grisant réveil
Des hommes rêvant enfin de chaumières…
Un jour, un jour… Mais au jour d’aujourd’hui
Il n’y a que murs rougis par le sang
Les morts que l’on compte et les absents…
Et le poison que l’on jette au fond des puits…
Un jour, un jour… Mais au jour d’aujourd’hui
Ce n’est que le brasier de l’Univers
Ravageant tout dans son terrible Enfer
Pour ne s’éteindre que sur un désert…
Ce n’est qu’une haine, qu’un ennemi…
Un jour, un jour… Mais encore aujourd’hui
J’ai cru entendre rouler des canons,
S’écrouler sans fin les arches des ponts
Sous la volonté de certains démons
Qui se sont cachés là-bas dans la nuit…
Un jour… Mais enfin c’est bien aujourd’hui :
J’ai bouché mes oreilles au fracas,
Tremblant de peur, enfoui sous mes draps,
Fuyant les dures clameurs du combat.
Un jour, mais enfin c’est bien aujourd’hui :
J’ai bouché mes yeux devant des soldats
Dont on avait arraché les deux bras
Comme dans les durs tableaux de Goya !
Un jour… Mais enfin c’est bien aujourd’hui…
Ce ne sera, il n’y aura, demain…
Quoi donc ? Qui prouve cette négation ?
Plus de guerres, plus de mutilations ?
Plus de pleurs, plus de morales afflictions ?
On attend, on espère, mais en vain…
Ce ne sera, on ne verra demain,
Dans leurs bureaux, Messieurs les Présidents,
Décider avec tous leurs commandants
La dent d’un autre contre une autre dent ?
Loi du Talion trouvée par ces chemins…
On ne verra, on ne croira, demain,
Que des enfants affamés, yeux hagards,
Ne se réveillent plus du cauchemar :
Souffrance, obsession, mort, maman et pain…
O Dieu, mon père, que l’on dit tout amour,
De toute ma chair, de toute mon âme,
Apportez votre aide, votre secours,
Je vous en supplie, parmi tant de drames…
O Dieu son père que l’on dit tout Puissant,
De toutes ses larmes et ses blessures
L’homme vous implore, mortel passant,
Pour que paisible soit votre nature…
O Dieu Eternel, notre Père à tous,
Nous vous prions par toutes nos souffrances,
Du bout du nord, du sud, du fond des brousses,
Nous espérons toujours votre clémence…
O Dieu leur Père, Celui qu’ils adorent,
On les commande, ils ne savent plus,
Ils vous prient, vous supplient et vous implorent…
Empêchez qu’ils s’affolent, s’entre tuent…
Alors ce sera la précieuse Vie
Que bercera la brise de la nuit…
Enfin Votre Création dans la paix
Saura aimer par Votre volonté…
Marie-Claude PEYRAUD