OU SONT-ILS?
Ils sont partis
Les vieux amis…
Dans le petit bistrot,
Tout là-haut,
Je suis revenue,
Le cœur ému…
Un moment j’hésitai…
Puis je suis montée…
Devant le carré vide,
Mes yeux déjà humides,
Se sont mouillés.
Toujours les mêmes chaises,
Mais bien alignées,
Quelle foutaise !
Des tables bien ordonnées,
Comme abandonnées…
Plus de radio,
Plus d’enfants sots…
En bas trois touristes,
Bien sages
Comme des images,
Que c’est triste !
Où sont les autres ?
Les vôtres, les nôtres ?
Le Russe farfelu
Et son fidèle Manu ?
Le silencieux Rimbaud
Et son écharpe en lambeaux ?
Le blond si agréable
Et son dandysme aimable ?
Illusion de quelques voix
Qui viennent d’en bas…
Une grave que je reconnais,
Celle de l’Anglais !
Mais il est loin,
Et les rêves n’existent point…
Où sont mes acrobates
Qui se tordaient les pattes
Entre les barreaux des sièges,
Comme pris dans des pièges ?
Où sont les longues discussions,
Les menaces et les absolutions ?
Ces grands moments de passion
Egrenés sous les néons ?
Tout est rouge,
Comme autrefois,
Mais rien ne bouge,
Ce n’est que du bois !
Et s’ils arrivaient tous,
Avec la serveuse rousse,
Maintenant, vers moi,
Ils riraient bien sûr
En voyant mon émoi,
Mais tous ces cœurs durs
Parleraient d’autrefois…
A propos de serveuse,
Elle n’est plus
La brunette gracieuse
Que j’avais connue…
Et toi, petite Monique,
L’étudiante impudique,
Quand donc reviendras-tu ?
Dans ce présent
Qui se désagrège,
Quand les reverrai-je ?
Bientôt, maintenant ?
Un jour, demain ?
Attendrai-je en vain ?
Oui, tous ceux-là
Que je connaissais,
Eh le temps,
Dis le moi,
Où sont-ils passés ?
Marie-Claude PEYRAUD
Commentaires
Un beau moment d'émotion.